L’histoire de Joseph, rédigée par quelques
écrivains éphraïmites d’un talent
supérieur à l’art du scribe Enna,
n’était qu’une des légendes populaires du
royaume d’Israël. On a remarqué que les
prophètes ne font aucune allusion à cette histoire, ce
qui serait fort étonnant, s’ils y avaient vu autre chose
qu’une fable flatteuse pour la vanité
d’Éphraïm. On ne saurait nous demander plus de foi
qu’Isaïe n’en a montré sur ce point. A la
distance des événemens merveilleux qu’ils
racontent, dans un pays si différent, étrangers
d’ailleurs à la langue et à la civilisation des
bords du Nil, que pouvaient faire les conteurs israélites ?
Recueillir des traditions, composer un récit d’une
édifiante moralité, de tous points agréable
à leurs compatriotes. C’est ce qu’ils firent, mais
à la manière des écrivains de leur race, en se
contentant parfois de juxtaposer sans les fondre des documens qui se
contredisent. Nous avons ainsi un double récit de
l’événement capital de la vie de Joseph :
d’une part, c’est suivant le conseil de Ruben qu’il
est jeté dans une citerne, enlevé par des marchands
madianites venant de Galaad, emmené en Égypte et vendu
à Potiphar, eunuque du pharaon et maître de la prison
d’état ; d’autre part, c’est selon le conseil
de Juda que le fils bien-aimé de Jacob est vendu pour 20 sicles
d’argent à des Ismaélites, qui le revendent
à un Égyptien, nullement maître de la maison de
force, dont la femme essaie de le corrompre. Enfin,
d’après une autre version, celle d’Artapanos,
conservée dans Eusèbe , Joseph devine les desseins de
ses frères et se fait lui-même conduire en Égypte
par des Arabes du voisinage ; mais n’insistons pas sur ces
délicats problèmes d’exégèse : mieux
vaut relever les traits de mœurs égyptiennes plus ou moins
authentiques de cette dramatique légende. :
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L’illustre vieillard, s’enfonçant dans ses
années, cesse d’être en rapport, excepté par
la gloire, avec les générations qui
s’élèvent ; il leur parle encore désert de
Ferney, mais il n’a plus que sa voix au milieu d’elles ;
qu’il y a loin des vers au fils unique de Louis XIV : :
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La cathédrale de Cambrai, qui était romane, fut
accommodée à un nouveau plan lorsque l'architecture
gothique prévalut. M. Leglay mentionne des travaux
exécutés dès 1227 pour la reconstruction des bras
du transept. Le tracé d'un nouveau chœur, derrière
celui qui existait, fut commencé, en 1241, la seconde chapelle
à droite en 1243. Quant à la première à
droite, qui complétait le pourtour du chevet, on ignore sa date,
mais d'après la marche du reste des travaux qu'on voit avoir
été dirigés du transept vers l'abside, on peut
raisonnablement supposer que cette chapelle fut commencée entre
1230 et 1239. Ainsi, c'est de 1230 à 1243 que s'éleva la
clôture du nouveau chevet de Notre-Dame de cambrai.D'autre part,
il est constant que l'œuvre circonscrite par la même
clôture fut achevée en 1251, puisque le jour de
Pâques de cette année, le clergé prit possession du
nouveau chœur.Maintenant, qu'on se reporte à l'état
des lieux constaté tant par le dessin que par les annotations du
manuscrit. Le nouveau chevet est fondé sur tout le
développement de sa ligne de ceinture ; néanmoins,
l'achèvement des travaux est assez éloigné pour
que l'architecte en parle comme d'une chose problématique :
« Les chapelles, dit-il, auront telle figure si jamais on les
termine, s'on lor fait droit. » Et il n'y a pas que les chapelles
qui demeurent inachevées, mais encore les arcs-boutants,
pièce essentielles de la construction du chœur, pour le
dessin desquelles on renvoie aux analogues de l'église de Reims.
Cela concorde donc parfaitement avec la suspension des travaux qui
résulte du silence de l'histoire entre 1243 et 1251 ; par
conséquent, c'est dans l'intervalle de ces deux années
que Villard de Honnecourt écrivit la légende
rapportée ci-dessus.Les dates connues de l' œuvre de Reims
ne contrarient en rien ce résultat. L'édifice,
commencé en 1211 par Robert de Couci, était achevé
jusqu'au transept lorsque ce maître mourut en 1241 ; le chevet
avec sa ceinture de chapelles était monté certainement
dès 12156. Quant à la nef, dont Villard nous a
laissé aussi des dessins, elle s'éleva de 1241 à
1257 ; et comme ces dessins sont ceux d'une travée prise
isolément, pourvu qu'on suppose une seule travée
construite avant 1251 (et c'est le moins que l'on puisse faire), notre
chronologie subsiste : c'est toujours de 1243 à 1251 que le
manuscrit de Saint-Germain a été annoté.Par une
série d'autres rapprochements, il est possible de réduire
encore ce terme, et subséquemment de placer à la date qui
lui convient, le point le plus marquant de la biographie de Villard de
Honnecourt.Le dessin qu'il fit à Reims lorsqu'il s'en allait en
Hongrie, ce dessin est celui d'une fenêtre des bas
côtés de la nef : donc il est postérieur à
1241, donc le voyage de Hongrie lui-même se place après
1241.En 1242, les Tartares ayant envahi les provinces danubiennes, la
nation hongroise presque tout entière fut forcée
d'émigrer. Elle revint l'année suivante, expulsa ses
vainqueurs, mais ne trouva plus que des ruines à la place
où ses villes avaient existé. Strigonie surtout,
Strigonie, la capitale et l'ornement de l'empire, avait
été comme effacée du sol. C'est à la
restauration de cette grande cité que Bela, qui régnait
alors sur les Hongrois, commença par appliquer toutes ses
ressources. Il tâcha de lui rendre sa splendeur, son animation,
sa physionomie toute européenne, car au moment de l'invasion,
elle était peuplée presque exclusivement de
Français et d'Italiens7. Entre autres monuments, il y fit
construire, pour les frères mineurs chez qui il avait élu
sa sépulture, une somptueuse église sous l'invocation de
la sainte Vierge. :
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La cour de Rome, qu’avaient en vue les réformes trop
austères de La Trappe, s’opposait aux exagérations
de ses serviteurs ; Rancé annonçait son habileté
en réveillant la passion du pouvoir dans le cœur de Louis
XIV. :
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La légende hébraïque de Joseph n’est-elle pas
parfois un écho du conte des Deux Frères ? Le scribe
d’Israël qui a composé l’histoire mythique du
héros d’Ephraïm connaissait-il l’œuvre du
scribe Enna et s’en est-il servi pour orner son récit ?
Depuis longtemps, les égyptologues, M. Ebers entre autres, se
sont adressé cette question. Il ne nous appartient pas d’y
répondre ; toutefois on ne saurait être surpris de
rencontrer un roman de plus dans cette grande littérature
hébraïque où l’on en compte déjà
cinq, j’entends les livres de Jonas, d’Esther, de Tobie et
de Judith, et le troisième livre des Makkabées. On peut y
joindre le roman d’Aristée. Qu’Israël eût
ses conteurs et ses fabulistes, le moyen d’en douter ? Dans le
pays de Chanaan comme sur les bords du Nil, les arbres et les
bêtes ont parlé. Qu’on songe à
l’ânesse du devin Balaam qui voyait l’ange de
Jéhovah, l’épée nue à la main,
posté sur le chemin, et s’efforçait d’avertir
son cavalier en lui serrant les jambes contre le mur du sentier des
vignes ; elle s’abattit enfin sous Balaam, et, rouée de
coups, cria : « Que t’ai-je fait pour m’avoir battue
déjà trois fois ? .. Ne suis-je pas ton ânesse que,
depuis que tu existes, tu as montée
jusqu’aujourd’hui ? » Et Balaam aperçut enfin
l’ange posté sur le chemin, l’épée nue
à la main. On retrouverait partout l’idée
fondamentale de cette fable, même dans les contes des Mille et
une Nuits. Qu’est-ce d’ailleurs que le devin Balaam sinon
le sage Lokman, l’auteur supposé des fables arabes ?
L’identification des deux noms de Balaam et de Lokman, et partant
des deux personnages, a été scientifiquement
démontrée [12]. N’est-ce point par un apologue qui
ne devait pas être moins familier aux enfans de Juda
qu’à ceux d’Israël que Joas, roi
d’Israël, répondit d’abord à la
déclaration de guerre d’Amatsia, roi de Juda (II Chron.
XXV, 18) : « L’épine du Liban députa vers le
cèdre du Liban pour lui dire : « Donne ta fille à
mon fils pour femme ! » Alors passèrent les bêtes
sauvages du Liban, et elles écrasèrent
l’épine. » Mais l’apologue hébreu le
plus célèbre, et le plus digne de l’être, est
celui de Jôtam (Jud., IX, 8-15) : « Les arbres se
réunirent pour oindre un roi qui régnât sur eux. Et
ils dirent à l’olivier : « Règne sur nous !
» Et l’olivier leur dit : « Renoncerais-je à
mon huile qui m’attire l’estime des dieux et des hommes
pour aller me balancer au-dessus des arbres ? » Alors les arbres
dirent au figuier : « Eh bien ! toi, règne sur nous !
» Et le figuier leur dit : « Renoncerais-je à ma
douceur et à mon fruit exquis pour aller me balancer au-dessus
des arbres ? » Alors les arbres dirent à la vigne :
« Eh bien ! toi, règne sur nous ! « La vigne leur
dit : « Renoncerais-je à ma liqueur qui réjouit les
dieux et les hommes pour aller me balancer au-dessus des arbres ?
» Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines :
« Eh bien ! toi, règne sur nous ! » Et le buisson
d’épines dit aux arbres : « Si en
vérité vous voulez m’oindre pour
m’établir roi sur vous, venez et abritez-vous sous mon
ombrage ; sinon du buisson d’épines sortira un feu qui
dévorera les cèdres du Liban. » :
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La meilleure description d'un livre de dessins serait de le reproduire
par la gravure. Nayant l'avantage de pouvoir faire passer sous les yeux
du lecteur qu'un très petit nombre de figures, je devrai
discourir avant tout. Cette nécessité m'en impose une
autre : celle de soumettre à une classification les
matières jetées pèle-mêle dans l'album.Je
les classerai donc ; et pour cela je ne prendrai en
considération ni leur plus ou moins d'apparence, ni le
mérite plus ou moins grand de leur exécution mais
seulement la nature des connaissances auxquelles elles ont rapport. Le
même point de vue me fournira la mesure du développement
à donner à chacune de mes explications. Les plus grands
et les plus beaux dessins de Villard de Honnecourt pourront ne recevoir
de moi qu'une simple mention, tandis qu j'insisterai sur des traits
souvent informes et perdus entre d'autres figures : défaut de
proportion qui en réalité n'en est pas un ; car là
où l'auteur se montre seulement dessinateur habile, il suffit du
plus court éloge donné à son talent ; tandis que
les endroits où paraît son instruction professionnelle ne
sauraient être trop discutés, devant, par leur
éclaircissement, fournir à la science des données
qui lui ont manqué jusqu'ici. :
Park and Suites proprietaires
La pénitence sortie de Rome errait à l’entour ;
pauvre piferario des Abruzzes, elle faisait entendre le son de sa
musette devant une madone. Rancé s’avançait
quelquefois seul devant le labyrinthe des cercueils, soubassement de la
cité vivante. Il n’y a peut-être rien de plus
considérable dans l’histoire des chrétiens que
Rancé inconnu priant à la lumière des
étoiles, appuyé contre les aqueducs des césars
à la porte des catacombes ; l’eau se jetait avec bruit
par-dessus les murailles de la ville éternelle, tandis que la
mort entrait silencieusement au-dessous par la tombe. :
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La rose de chartres est des plus belles, quoiqu'elle appartienne au
gothique primitif. Un texte que je n'ai pas vu cité dans les
monographies, conduit à en placer l'exécution avant 1155,
puisque l'évêque Gosselin, mort cette
année-là, légua cent livres ad opus turris20, ce
qui prouve que le portail était alors élevé au
moins jusqu'à la plate-forme. Rose du portail méridional
de Lausanne (fol. 16 r.). — Avec cette double légende
écrite dans la bordure : Ista est fenestra in Losana ecclesia ;
et, C'est une reonde veriere de le glize de Lozane. Études sur
la cathédrale de Reims (fol. 30 v.). —
Élévation à l'intérieur de l'une des
chapelles placées au chevet de cette église. Ce dessin a
pour légende : Vesci le droite montée des capeles de le
glize de Rains et toute le manière ensi com eles sunt par dedans
droites en lor estage ; « Voici l'élévation des
chapelles de l'Église de Reims et la manière dont est
disposé tout l'étagement de leur architecture à
l'intérieur. » A la hauteur de la corniche qui surmonte le
soubassement, on lit : Vesci les voies dedens et les orbes arkes. Les
voies dedens sont les couloirs pratiqués entre chaque
fenêtre dans l'épaisseur de leurs pieds droits. Les orbes
arkes sont les fausses arcades qui décorent le soubassement.
Élévation à l'extérieur de la même
chapelle avec la légende : En cele autre pagene poes vous veir
les montées des capieles de le glize de Rains par dehors, tres
le commencement descri en le fin, ensi comes eles sunt. D'autretel
maniere doivent estre celes de Canbrai s'on lor fait droit. Li
daerrains entaulemens doit faire crétiaus. « En cette
autre page vous pouvez voir les élévations des chapelles
de l'église de Reims par dehors, comme elles sont depuis de haut
jusqu'en bas. » Nous avons assez insisté sur
l'avant-dernière phrase qui constate l'identité du plan
des deux chevets de Reims et de cambrai. Quant au membre qui suit :
« Le dernier entablement doit faire créneaux, » il
prouve, concurremment avec le dessin, que la décoration de
l'amortissement des chapelles absidiales a changé depuis le
XIIIe siècle. L'entablement, qui n'était alors
couronné que de créneaux, l'est aujourd'hui d'une haute
galerie à jour. Élévations à
l'extérieur et à l'intérieur d'une travée
de la nef, avec la légende : Vesci les montées de le
glize de Rains et del plain pen dedens et de hors. Li premiers
estaulemens des acaintes doit faire crétiaus si qu'il puist
avoir voie devant le covertic ; encontre ce covertic sunt les voies
dedens, et quant ces voies sont volses et entauls, adont reviennent les
voies dehors con puet aller devant les suels des verieres. En
l'entaulement daerrain doit avoir crétiaus con puist aller
devant covertic. Ves aluec les manières de totes les
montées. :
PARK AND SUITES PROPRIETAIRES
La tombe et le temple donnent une grande idée du goût et
de la richesse des monarques égyptiens, ainsi que de la
variété et de la puissance des moyens mécaniques
dont ils disposaient ; on est donc porté tout d’abord
à penser que les palais, par leurs dimensions et par le luxe de
leur décoration, devaient être en rapport avec la
magnificence des sépultures que ces souverains se
préparaient et avec celles des édifices qu’ils
érigeaient en l’honneur des dieux desquels ils croyaient
tenir leur prospérité et leur gloire. C’est au sein
de splendides et pompeuses demeures, faites des plus belles
matières dont disposât l’Égypte, que
l’imagination se représente les princes qui ont construit
les pyramides et creusé les syringes thébaines, qui ont
bâti Louqsor et Karnak.Sous cette impression, les premiers
voyageurs qui ont visité la vallée du Nil et
décrit ses monumens ont été portés à
voir partout des palais, à prétendre en reconnaître
les débris dans toutes les ruines imposantes qui
n’étaient pas des pyramides ou des hypogées. Pour
les auteurs de la grande Description de l’Égypte, Karnak
et Louqsor, Médinet-Abou et Gournah sont des palais ; des
dénominations comme celle de palais de Ménephtah,
appliquées au temple de Seti, à Gournah, se sont
transmises de proche en proche et se rencontrent encore dans les livres
tout récens, comme l’Histoire de l’architecture, de
Fergusson,Depuis les travaux et le voyage de Champollion, une
étude plus attentive des ruines et surtout la lecture des
inscriptions hiéroglyphiques ont dissipé cette erreur ;
on est d’accord aujourd’hui sur la destination primitive
des grands édifices thébains de l’une et de
l’autre rive ; on n’en conteste plus le caractère
religieux. Tout en admettant cette vérité, certains
archéologues n’ont pas encore réussi à
s’affranchir tout à fait de l’idée qui a si
longtemps été dominante ; ils en gardent quelque chose et
soutiennent une opinion moyenne, d’après laquelle
l’habitation royale aurait été une
dépendance du temple ; ils la cherchent, à Karnak comme
à Louqsor, dans les pièces, assez mal conservées,
qui se trouvent en arrière du sanctuaire. C’est là,
dans ces chambres dont plusieurs étaient soutenues par des
colonnes et richement décorées, que le roi aurait eu sa
demeure et « sa vie se serait passée dans les cours et les
salles hypostyles »Parmi tous les documens qui ont
été recueillis dans ces parties de
l’édifice, il n’en est pas un qui confirme cette
hypothèse ; ni dans le reste de la littérature
égyptienne, ni même chez les historiens grecs, on ne
saurait trouver un texte qui prouve ou qui même tende à
faire croire que les rois aient jamais vécu dans le temple ou
dans ses dépendances, qu’ils aient habité
l’intérieur de l’enceinte sacrée. :
Park and Suites propriétaires
La Trappe était le lieu où Bossuet se plaisait le mieux :
les hommes éclatants ont un penchant pour les lieux obscurs.
Devenu familier avec le chemin du Perche, Bossuet écrivait
à une religieuse malade : " J’espère bien vous
rendre, à mon retour de La Trappe, une plus longue visite ",
paroles qui n’ont d’autre mérite que
d’être jetées à la poste en passant et
d’être signées : Bossuet. :
PROPRIETAIRES PARK AND SUITES
La visite de Rancé aux Clairets est du 16 février 1690 ;
on possède encore, avec la carte de sa visite, les discours
d’ouverture et de clôture. L’abbesse avait fait
sonner la grosse cloche de l’abbaye aussitôt que
Rancé parut dans le voisinage ; cloche dont le son se perdit
comme mille autres dans les bois qui n’existent plus ; on trouve
on ne sait quel charme dans ces accents qui annonçaient à
des échos, muets depuis longtemps, le passage d’un homme
sur la terre. L’abbesse s’était jetée
à genoux devant le père à l’entrée de
l’église. La carte de visite laissée dans le
monastère faisait du bruit. Rancé avait dit que la
lecture de l’Ancien Testament ne convenait pas à des
religieuses : " Que voulez-vous, disait-il, que des filles
obligées à une chasteté consommée lisent le
Cantique des Cantiques, l’histoire de Suzanne, celle de Juda, de
Thamar, de Judith, d’Ammon, de la violence faite à la
femme du lévite dans Gabaon, le Lévitique, Ruth ? " :
Park and Suites propriétaires
Le 12 avril 1704, les pieds et les mains du moribond
s’engourdirent. Un peu avant quatre heures et demie du matin il
expira : c’était l’heure où son ami
Rancé priait aux approches du jour. L’aigle qui
s’était en passant reposé un moment dans ce monde
reprit son vol vers l’aire sublime dont il ne devait plus
descendre : il n’est resté de ce sublime génie
qu’une pierre. :
PROPRIETAIRE PARK AND SUITES
Le 2 de novembre de l’année 1694, Rancé mandait
à l’abbé Nicaise : " Voilà M. Arnauld mort
après avoir poussé sa carrière aussi loin
qu’il l’a pu. Il a fallu qu’elle se soit
terminée ; voilà bien des questions finies.
L’érudition de M. Arnauld et son autorité
étaient d’un grand poids pour le parti heureux qui
n’en a point d’autre que celui de Jésus-Christ ;
qui, mettant à part tout ce qui pourrait l’en
séparer ou l’en distraire, même pour un moment,
s’y attache avec tant de fermeté que rien ne soit capable
de l’en déprendre. " Ce passage de la lettre de
Rancé, si différent de ce qu’il avait écrit
à M. de Brancas sur Arnauld, étant connu, ressuscita
toutes les ardeurs. Rancé lui-même fut surpris du fracas
que causaient ces quatre lignes. Au milieu de cette agitation, il
écrivit de nouveau, le 27 janvier 1695, à
l’abbé Nicaise : " J’ai reçu depuis deux
jours une lettre de plus de vingt pages de votre bon ami le père
Quesnel : elle est toute remplie d’une dureté et
d’une vivacité incompréhensibles ; il
prétend me prouver que j’ai flétri le nom de M.
Arnauld, que je lui ai donné un coup de poignard après sa
mort, que j’ai fait, autant qu’il était en mon
pouvoir, une plaie mortelle à sa mémoire, et une
infinité d’autres choses plus violentes les unes que les
autres. Je n’ai jamais entendu parler d’une imagination
aussi extraordinaire. Quand j’aurais écrit un volume
contre la vie, la conduite et les sentiments de M. Arnauld, que je me
fusse servi pour cela des expressions les plus injurieuses, il ne me
traiterait pas d’une autre manière ; il me demande des
rétractations et des déclarations publiques, comme si
j’avais de mon plein pouvoir rejeté hors de
l’Église M. Arnauld après sa mort ; il ajoute que
toute la France attend une réparation de ma part, et si
j’avais mis le feu à Port-Royal ou que je l’eusse
renversé de fond en comble, il ne m’en dirait pas
davantage. " :
Park and Suites propriétaires
Le 20 mai 1666 revit Rancé dans les obscurs chemins du Perche.
Ce n’étaient là ni les restes de la voie Appia, ni
de la voie Claudia : Rancé ne rapportait aucun souvenir de Rome,
où tant de passions se sont formées, d’où
tant d’hommes n’ont point voulu revenir. Les Troyens
restèrent à Albe avec leurs dieux. Rancé
n’avait même pas cueilli, pour la joindre aux fleurs du
printemps, qui commençaient à renaître à La
Trappe, ces tubéreuses murales qui croissent sur
l’enceinte ébréchée de Rome, où les
vents transportent çà et là leurs échafauds
mobiles. :
PARK AND SUITES PROPRIETAIRE
Le 7 septembre 1672 Rancé présenta une requête au
roi en faveur de la réforme ; il commence par dire que les
anciens solitaires, dont il ne mérite de porter ni le nom ni
l’habit, n’ont point fait difficulté de sortir du
fond de leurs déserts pour le service de Dieu ;
qu’à leur exemple il croirait manquer au plus saint de ses
devoirs s’il se taisait ; que malheureusement il ne va parler que
pour se plaindre, et que celui qui lui ouvre la bouche n’a mis
sur ses lèvres que des paroles de douleur. De là passant
à son sujet, il parle de l’ordre de Cîteaux,
prêt à retomber dans les périls dont il est
échappé, par le défaut de protection
refusée à l’étroite observance
établie par Louis XIII. Pendant que les solitaires ont
vécu dans la perfection ils ont été
considérés comme les anges tutélaires des
monarchies ; ils ont soutenu, par le pouvoir qu’ils avaient
auprès de Dieu, la fortune de l’empire : une sainte
recluse avait connu en esprit ce qui se passait à la
journée de Lépante. " Votre Majesté, ajoute
Rancé, ne sera point surprise qu’étant
obligé par le devoir de ma profession de me présenter
à tous les instants au pied des autels du Roi du ciel,
j’aborde une fois dans ma vie le trône du roi de la terre.
" :
Park and Suites propriétaires
Le Bouthillier possédait, près du parc de Chambord, un
prieuré de l’ordre de Grammont. Ce prieuré
était desservi par sept ou huit religieux. On n’apercevait
pas de cet endroit le faîte de l’édifice qui devait
éclater du rire immortel de Molière. " Le roi, dit le
chevalier d’Arvieux, ayant voulu faire un voyage à
Chambord pour y prendre le divertissement de la chasse, voulut donner
à sa cour celui d’un ballet ; et comme l’idée
des Turcs qu’on venait de voir à Paris était encore
toute récente, il crut qu’il serait bon de les faire
paraître sur la scène. Sa Majesté m’ordonna
de me joindre à MM. de Molière et de Lulli pour composer
une pièce de théâtre où l’on pût
faire entrer quelque chose des habillements et des manières des
Turcs. Je me rendis pour cet effet au village d’Auteuil,
où M. de Molière avait une maison fort jolie. Ce fut
là que nous travaillâmes à cette pièce de
théâtre que l’on voit dans les œuvres de
Molière, sous le titre du Bourgeois gentilhomme . " :
Park and Suites proprietaire
Le cardinal de Retz était petit, noir, laid, maladroit de ses
mains ; il ne savait pas se boutonner . La duchesse de Nemours confirme
ce portrait de Tallemant des Réaux : " Le coadjuteur vint,
dit-elle, en habit déguisé, voir le cardinal Mazarin. M.
le Prince, qui sut cette visite, en parla au cardinal, lequel lui
tourna fort ridiculement et le coadjuteur, et son habit de cavalier, et
ses plumes blanches et ses jambes tortues ; et il ajouta encore
à tout le ridicule qu’il lui donna que s’il revenait
une seconde fois déguisé, il l’en avertirait, afin
qu’il se cachât pour le voir, et que cela le ferait rire. "
:
Park and Suites propriétaires
Le coadjuteur finit ses jours en silence, vieux réveille-matin
détraqué. Réduit à lui-même et
privé des événements, il se montra inoffensif :
non qu’il subît une de ces métamorphoses
avant-coureurs du dernier départ, mais parce qu’il avait
la faculté de changer de forme comme certains scarabées
vénéneux. Privé du sens moral, cette privation
était sa force. Sous le rapport de l’argent il fut noble ;
il paya les dettes de sa royauté de la rue, par la seule raison
qu’il s’appelait M. de Retz . Peu lui importait du reste sa
personne : ne s’est-il pas exposé lui-même au coin
de la borne ? On le pressait de dicter ses aventures, et le romancier
transformé en politique les adresse à une femme sans nom,
chimère de ses corruptions idéalisées : " Madame,
quelque répugnance que je puisse avoir à vous donner
l’histoire de ma vie, néanmoins, comme vous me
l’avez demandée, je vous obéis. " :
Proprietaire Park and Suites
Le conte du Prince prédestiné, découvert
récemment sur un papyrus hiératique du British Museum et
traduit par M. Goodwin, est de la même époque que le conte
des Deux Frères : c’est encore une œuvre de la XIXe
dynastie. Le scribe qui l’a rédigé, quinze
siècles ayant notre ère, est inconnu. D’ailleurs,
autant qu’il est permis d’en juger par le fragment venu
jusqu’à nous, ce conte fantastique n’a presque rien
de littéraire dans la forme. Le style est celui d’un livre
de la première enfance. Les petits Égyptiens apprenaient
sans doute de la bouche de leurs nourrices et de leurs berceuses les
merveilleuses aventures du Prince prédestiné. Qu’on
songe à Riquet à la Houppe ou à la Belle au bois
dormant. Les sept fées ne manquent même point au berceau
de notre prince. La scène se passe tantôt en
Égypte, tantôt en Mésopotamie, où nous a
déjà transportés la stèle dite de Bachtan,
à la suite du dieu thébain à tête
d’épervier. Grâce à la politique constante
des pharaons, qui depuis l’expulsion des hyksos fut de soumettre
les peuples de la Syrie et de la vallée du Tigre et de
l’Euphrate, les guerres séculaires des Thoutmès et
des Ramsès tournèrent l’imagination populaire vers
ces lointaines contrées d’où l’on rapportait
de l’or, de l’argent, du lapis-lazuli, du cuivre, des bois
précieux et odoriférans. Du XVIIe au XIVe siècle
avant notre ère, les roitelets de Chaldée et
d’Assyrie qui se disputaient l’empire de la
Mésopotamie, les princes de Babylone et de Ninive,
payèrent tribut et rendirent hommage aux pharaons. Ramsès
XII lui-même, alors que la décadence de
l’Égypte était irrévocable, quand
l’empire du monde va passer pour des siècles au grand
empire d’Assyrie, visite encore en suzerain les rives de
l’Euphrate et épouse la fille d’un chef asiatique.
On serait tenté de croire que l’histoire de ce pharaon est
faite tout exprès pour servir de commentaire à un conte
d’enfant. Voici l’analyse de ce naïf récit : :
Park and Suites propriétaires
Le dortoir était abandonné ; il ne servait de retraite
qu’aux oiseaux de nuit : il était exposé à
la grêle, à la pluie, à la neige et au vent ;
chacun des frères se logeait comme il voulait et où il
pouvait. :
Proprietaires Park and Suites
Le duc de Penthièvre parut plus tard à La Trappe :
Saint-Simon ne se put guérir de l’âcreté de
son humeur dans une solitude où le petit fils du comte de
Toulouse perfectionna sa vertu : le fiel et le miel se composent
quelquefois sous les mêmes arbres. Pieux et mélancolique,
le duc de Penthièvre fit augmenter, s’il ne bâtit
pas entièrement, l’abbatiale, où il aimait se
retirer, en prévision du martyre de sa fille. La princesse de
Lamballe, enfant, venait s’amuser à la maison-Dieu ; elle
fut massacrée après la dévastation du
monastère. Sa vie s’envola comme ce passereau d’une
barque du Rhône, qui, blessé à mort, fait pencher
en se débattant l’esquif trop chargé. :
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Le grand expiateur avait retrouvé à
Châlons-sur-Saône l’abbé du Val-Richer, son
compagnon désigné de voyage. A Lyon, il baisa la
boîte qui renfermait le cœur de saint François de
Sales. Il traversa les Alpes, et arriva à Turin : il n’y
vit point le saint suaire. A Milan, le tombeau de saint Charles
Borromée l’appela : heureux les morts quand ils sont
saints ! ils retrouvent leur matin dans le ciel. Sainte Catherine
à Bologne attira la vénération de Rancé :
c’étaient là les antiquités qu’il
cherchait : il faisait consister sa repentance à ne rien voir ;
ses yeux étaient fermés à ces ruines dont
l’abbé de La Mennais nous fait une peinture admirable : :
Propriétaires Park and Suites
Le lendemain matin, lorsque chacun d’eux aperçut
l’autre, le jeune frère dit à
l’aîné : « Pourquoi es-tu venu après
moi pour me tuer en fraude, sans avoir entendu la parole de ma bouche ?
Moi, je suis en fait ton frère cadet ; tu es pour moi comme un
père ; ta femme est pour moi comme une mère. Ne serait-ce
pas qu’après que tu m’eusses envoyé pour nous
apporter des semences, et que ta femme m’eût dit : Viens,
reposons ensemble, une heure durant ; alors voici qu’elle a
changé cela en autre chose ? » Il mit sous les yeux de
l’aîné tout ce qui s’était
passé, fit serment par Râ-Harmachis, le dieu Soleil dans
les deux horizons, et s’écria : « Être venu
pour me tuer en fraude, ton couteau à la main, à la porte
de l’étable, en embuscade, c’est une infamie !
» Il saisit un couteau bien affilé, se mutila et jeta dans
le fleuve l’organe sanglant de la force mâle, qu’un
oxyrrhynque dévora. Le frère aîné s’en
affligea beaucoup et se mit à pleurer tout haut. Le cadet lui
rappelle tout ce qu’il avait fait pour lui, il ajoute : «
J’irai à la vallée du Cèdre, et alors voici
ce que tu feras pour moi : tu viendras prendre soin de moi quand tu
sauras qu’il m’est arrivé quelque chose.
J’enchanterai mon cœur, je le placerai sur le sommet de la
fleur du Cèdre, et si l’on coupe le Cèdre et que
mon cœur tombe à terre, tu viendras le chercher ; si tu
fais sept années de recherches, ne te dégoûte pas
pour cela. Une fois que tu l’auras trouvé, tu le mettras
dans un vase d’eau fraîche, et alors je reviendrai à
la vie… Or tu sauras que quelque chose m’est arrivé
lorsqu’on te mettra dans la main une cruche de bière et
qu’elle donnera de l’écume. » Il s’en
alla vers la vallée du Cèdre ; le frère
aîné retourna dans sa maison, la main sur sa tête
couverte de poussière ; il tua sa femme et la jeta aux
chiens.Dans la vallée du Cèdre, Bataou passe ses
journées à chasser et revient chaque soir se coucher sous
l’arbre. Comme il sortait de la villa qu’il
s’était construite, il rencontra le cycle des dieux qui
s’en allait régler les destinées de la terre
entière [9]. « Ah ! Bataou, dirent les dieux,
demeureras-tu toujours seul pour avoir quitté ton pays devant
les accusations de la femme d’Anepû, ton frère
aîné ? » Leur cœur en devint malade, et
Râ-Harmachis dit à Chnoum : « Allons ! fabrique une
femme à Bataou, afin qu’il ne reste plus seul. »
Chnoum lui fit donc une compagne pour demeurer avec lui, belle dans ses
membres plus que toute femme de la terre entière, car tous les
dieux étaient en elle. Survinrent les sept Hathors, qui
l’examinèrent et dirent d’une seule bouche : «
Elle mourra d’une mort violente. » Bataou l’aima
beaucoup. « Ne sors pas de la maison, lui recommanda-t-il, de
peur que le fleuve ne t’enlève. Je ne saurais te
délivrer, car je suis une femme comme toi, mon cœur est
sur le sommet de la fleur du Cèdre, et si quelqu’un
découvrait cela, je me battrais avec lui. » :
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Le nouveau Tobie partit pour Ninive : il n’allait pas
épouser la fille de Raguel ; la fille de Raguel
n’était plus. Le voyageur qui accompagnait Rancé
n’était pas Raphael, mais l’Esprit de la
pénitence ; cet Esprit ne se mettait pas en route pour
réclamer de l’argent, mais la misère.
Lorsqu’on erre à travers les saintes et
impérissables Ecritures, où manquent la mesure et le
temps, on n’est frappé que du bruit de la chute de quelque
chose qui tombe de l’éternité. :
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Le P. Lami, un des commensaux de La Trappe, était
demi-philosophe ; il différait de Rancé sur beaucoup de
sujets ; il passait pour être l’homme de son ordre qui
écrivait le mieux en français : il avait
développé avec clarté les idées de
Descartes. Au sujet des Etudes monastiques , il eut une discussion avec
Rancé devant Mme de Guise, et Mabillon raconte que Lami
l’emporta sur Rancé[Premier volume des Oeuvres posthumes
de Mabillon. (N.d.A.)] . Un ordre de Louis XIV imposa silence aux
partis. :
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Le projet qu’il méditait depuis longtemps de soumettre sa
conduite future au conseil des évêques d’Aleth et de
Comminges lui revenait dans l’esprit. Il se résolut de
l’accomplir. Le 21 juin 1660, il écrivit à la
mère Louise : " Je pars demain à l’insu de tous mes
amis. " Il arriva à Comminges le 27 du même mois,
après un tremblement de terre : ce fut de même que
j’arrivai à Grenade en rêvant de chimères,
après le bouleversement de la Vega. :
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Le réfectoire n’en avait plus que le nom. Les moines et
les séculiers s’y assemblaient pour jouer à la
boule lorsque la chaleur et le mauvais temps ne leur permettaient pas
de jouer au dehors. :
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Le rhumatisme, qui d’abord lui avait saisi la main gauche, se
jeta sur la droite, dans laquelle le chirurgien de Mme de Guise
travailla. Cette main devint inutile et contrefaite. Le malade avait
une répugnance extrême de toute nourriture. Affligé
d’une toux insupportable, d’une insomnie continuelle, de
maux de dents cruels, d’enflures aux pieds, il se vit
réduit pendant près de six années à passer
ses jours à l’infirmerie dans une chaise, sans presque
jamais changer de posture. Un frère convers le pressant de
prendre un peu de nourriture, Rancé dit avec un sourire : "
Voilà mon persécuteur. " Il n’employait ses
frères, qui regardaient comme un bonheur de le servir,
qu’avec une extrême discrétion. Il souffrait la
soif, n’osant leur demander à boire, de peur de les
fatiguer. Lorsqu’on lui avait donné quelque chose, il en
témoignait aussitôt sa reconnaissance par une inclination
de tête en se découvrant. Il souffrait des douleurs
aiguës que l’on n’aurait pas remarquées si
l’on n’eût aperçu quelque changement sur son
visage. :
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Le roi de Prusse, l’impératrice de Russie, toutes les
grandeurs, toutes les célébrités de la terre
reçoivent à genoux, comme un brevet
d’immortalité, quelques mots de l’écrivain
qui vit mourir Louis XIV, tomber Louis XV et régner Louis XVI,
et qui, placé entre le grand roi et le roi martyr, est à
lui seul toute l’histoire de France de son temps. :
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Le serviteur de Dieu fut exposé aux épreuves dont les
histoires de ces temps nous parlent ; histoires qu’on retrouve
dans tous les monastères et que Rancé avait souvent
rappelées dans les Vies particulières de quelques-uns de
ses religieux. Un jeune possédé avait
déclaré que des légions de démons
assiégeaient La Trappe. On croyait qu’il n’y avait
point de solitude vide ; on habitait au milieu d’un monde
d’esprits ; mais ces esprits avaient leur domicile dans les
cloîtres : le merveilleux achevait d’agrandir la
poésie. Rancé oyait des bruits aigres et perçants
; ses moines lui racontaient qu’ils éprouvaient, la nuit,
les secousses d’une force étrangère. On entendait
dans les dortoirs des tintamarres affreux, comme des personnes qui se
battaient ; on frappait aux portes des cellules, ou bien il semblait
qu’un homme marchât seul à grands pas ; une main de
fer passait et repassait sur le chevet des lits. :
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Le seul point de la vallée du Nil où se laissent encore
distinguer quelques traces des dispositions de la ville antique,
c’est l’emplacement de la capitale que s’était
bâtie Aménophis IV quand il avait quitté
Thèbes et son dieu Ammon [13]. Selon toute apparence, cette
capitale, qu’un caprice royal avait fait naître, aurait
été abandonnée bientôt après ; on ne
sait même pas le nom qu’elle portait, et depuis lors il
n’y a jamais eu près de là que de petits villages
qui n’ont pas suffi à détruire les restes des
bâtimens. Ceux-ci, comme le montre une planche de Prisse,
couvrent encore le sol de leurs décombres ; ils sont tous en
briques. On a pu relever, en gros tout au moins, le plan de
quelques-unes de ces habitations ; mais ce que l’on
reconnaît le mieux, c’est la direction des voies de la
cité d’Aménophis. Il y a une grande rue
parallèle au fleuve et qui est large d’environ 25
mètres ; d’autres rues, plus étroites, paraissent
la couper à angle droit ; dans quelques-unes, deux chariots
pouvaient à peine passer de front. Le quartier principal
était au nord, dans le voisinage d’une vaste enceinte
rectangulaire qui renfermait le temple du dieu nouveau, du disque
solaire. On remarque dans cette partie de la ville les débris
d’importantes demeures, pourvues de cours spacieuses. Il y a
surtout, à l’ouest de la grande rue, un édifice que
Prisse appelle le palais ; on y remarque de nombreux piliers de brique
serrés les uns contre les autres. Ces piliers étaient-ils
destinés à supporter les planchers et à les
préserver ainsi de l’humidité du sol ? Pour
répondre à cette question, il faudrait des renseignements
plus précis. Dans le sud de la ville, ce sont au contraire de
petites maisons, toutes contiguës les unes aux autres, qui ne sont
représentées que par des pans de murs et des tas de
décombres. C’était le quartier des pauvres. :
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Le véritable Motif de la conversion de l’abbé de La
Trappe , par Laroque, que j’ai déjà cité,
est une réponse aux Devoirs de la vie monastique :
Park and Suites propriétaires
Les cales nécessaires à la pose des pierres
incrustées ne seront jamais faites en fer, mais en plomb ou en
cœur de chêne, et toujours éloignées des
parements.Toute pierre vieille portant moulure ou sculpture ne pourra
être remplacée que lorsqu’elle aura
été marquée par l’architecte ou ses
agents.L’appareil des pierres neuves sera absolument semblable
à l’appareil ancien. Dans les édifices du
Moyen-Âge, les arcs seront extradossés, les parements
neufs faits en assises de même hauteur que les anciennes. La plus
grande attention sera apportée à l’exécution
des tailles des parements et moulures. L’architecte devra
observer à quelle époque et à quel style
appartiennent ces tailles qui diffèrent entre elles ; il
remarquera que les tailles antérieures au XIIIe siècle
sont faites assez grossièrement et au taillant droit ; celles du
XIIIe, à la grosse bretture et layées avec une grande
précision ; celles du XIVe, à la bretture fine et
layées avec plus de netteté encore ; celles du XVe,
à la bretture et au racloir etc. Sauf de rares exceptions qui
peuvent contrarier ces usages, et dont on devra tenir compte,
l’architecte fera exécuter les tailles des parties
restaurées d’après les indications
précédentes. On lui recommande de se défier des
retailles, des grattages faits après coup, qui altèrent
la physionomie des parements et la forme des profils ; il faut
rechercher alors les tailles primitives conservées sur les
points peu accessibles ou masqués. Il en est de même pour
les modifications apportées par des restaurations plus ou moins
anciennes aux formes primitives ; on devra examiner alors avec grand
soin toutes les traces de ces formes, et dans le doute en
référera à l’Administration. L’emploi
de l’outil appelé boucharde est rigoureusement interdit. :
PARK AND SUITES PROPRIETAIRES
Les calomnies publiées contre le monastère de La Trappe
par les libertins, qui se moquaient des austérités, et
par les jaloux, qui sentaient naître une autre immortalité
pour Rancé, commençaient à s’accroître
; on avait sans cesse devant les yeux les premières erreurs du
solitaire, on s’obstinait à ne voir dans sa conversion que
des motifs de vanité. Ses plus grands amis, l’abbé
de Prières, visiteur de l’ordre était
lui-même épouvanté des réformes de La Trappe
; il écrivait à l’abbé : " Vous aurez
beaucoup d’admirateurs, mais peu d’imitateurs. " :
Park and Suites propriétaires
Les commissaires nommés par le cabinet s’étant
assemblés, Rancé fut mandé à Paris, en
1675. Ils avaient tout réglé selon les intentions du
serviteur de Dieu ; mais un abbé de la commune observance
déclara que si l’on suivait les avis des commissaires, les
abbés étrangers ne viendraient pas au chapitre
général de Cîteaux. Le roi s’arrêta :
tout se tenait alors, un mouvement dans le clergé pouvait
entraîner un dérangement dans les affaires. Louis XIV le
savait, et rien n’était si prudent que ce roi absolu
élevé aux incartades de la Fronde. :
PROPRIETAIRES PARK AND SUITES
Les constructeurs du XIIe siècle ont presque toujours
relié les différentes parties de leurs maçonneries
par des chaînages en bois, d’un équarrissage de 0,20
cm à 0,25 cm, noyés dans l’épaisseur des
murs ; ces chaînages sont ordinairement posés. Sous les
appuis des fenêtres, sous les corniches de couronnement, à
la souche des contreforts, au-dessus des voûtes des
bas-côtés. Les bois, pourris aujourd’hui, laissent
dans l’épaisseur des constructions des vides dangereux.
L’architecte devra toujours se défier de ces vides, qui
ont pour résultat de provoquer le bouclement des murs. Dans les
édifices du XIIe siècle, il s’assurera de la
position de ces chaînages par des sondages, avant de rien
entreprendre. Une fois leur position reconnue, la première
opération sera de profiter des vides laissés par les bois
pourris pour passer, à la place des solives réduites en
poussière, des chaînages en fer, en ayant le soin de faire
remplir le vide restant en bonne maçonnerie, fortement
bourrée. Il augmentera ainsi la solidité des
édifices et replacera les constructions dans leur état
normal. Aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, le système de
chaînages en bois est remplacé par un système de
crampons en fer, reliant à certaines hauteurs les pierres de la
construction, et formant ainsi de véritables chaînages
continus. Ces crampons, dont la longueur varie de 0,30 cm à 0,40
cm quoique généralement coulés en plomb, se sont
oxydés et ont fait éclater par leur gonflement, une
grande quantité de ces pierres cramponnées. Il est
résulté de cet accident deux inconvénients graves
: le premier, c’est que les pierres ainsi fêlées
dans leur épaisseur ne font plus parpaing, et qu’alors les
murs tendent à se dédoubler ; le second, c’est que
les crampons, ne tirant plus en pleine pierre, mais dans les
fêlures qu’ils ont causées, ne relient plus les murs
dans leur longueur. Ce fait doit fixer particulièrement
l’attention de l’architecte, qui devra, en
remplaçant les pierres ainsi éclatées, supprimer
les crampons, cause de leur destruction, et restituer a ce
système de chaînage des tirants continus posés le
long des parements extérieurs et intérieurs des murs,
reliés entre eux, de distance en distance, par des boulons
traversant ces murs, sans y être scellés.